Les ArTpenteurs

Carnets de route Odyssée Karavana 2019

Ça y est ; la der est passée ! Tout ça comme un coup de vent, un coup d’Eole.

Trois ans de préparation (côté suisse…) et tout d’un coup nos caravanes vaudoises traversent les cartes postales grecques et puis s’en vont. Comme dans un mirage.

Trois jours de préparation côté Fix-in-Art (estimation non confirmée) et un public rare au final, malgré une télé en direct, des émissions de radio et des articles. Deux parades qui nous ont ramené quelques âmes égarées mais ravies et le couple de retraités allemands qui a jeté l’éponge en cours de spectacle devant l’appétit féroce d’une horde de moustiques sanguinaires. Un bilan légèrement mitigé avec des conceptions de travail très différentes (et les nôtres ne sont certainement pas adaptées aux réalités d’ici), une communication à réaction très très lente (et pour une fois ce ne sont pas les suisses qui ne sont pas rapides).

Au demeurant, jouer Homère sur sa terre est une expérience inouïe et formidable. Les retours des spectateurs grecs sont très enjoués et admiratifs. Lefki notre dramaturge chypriote nous précise que le public est peu habitué à un théâtre au langage scénique original et créatif. Un important directeur de théâtre important travaillant sur l’Odyssée avec des adolescents et à qui on ne la fait pas nous a tout de même gratifié de quelques éloges sur notre version de l’Odyssée. Un ami athénien de Nicholas le frère de Lefki est venu pour faire plaisir en pensant s’ennuyer pour une énième version de l’Odyssée est revenu le lendemain avec un énorme plaisir.

De notre côté, ce qui nous a comblé a été d’offrir à Lefki notre dramaturge expatriée à Genève la possibilité de lire l’Odyssée avec son frère Nicholas éternel voyageur de Médecins sans Frontières. Au fond Nicholas incarnait sans le savoir un magnifique et véritable Ulysse sur le chemin d’un retour au pays. C’est d’ailleurs ce qu’il nous a avoué au terme de notre aventure : trouver un poste en Grèce, épuisé par des années d’errance sur la planète de camps de réfugiés en camps de réfugiés. Ainsi les dieux de l’Olympe s’amusent avec nos vies qu’elles soient réelles ou rêvées tissant des chemins insoupçonnés pour des odyssées intimes. Un voyage rare et de belles rencontres pétries d’humanité.

Grrrrr

Grogner, grincer, grommeler, les conducteurs grrrecs ont poinçonné un GRrrr sur leurs chars d’assaut pour justifier une conduite aGRrrrressive.

La Grèce est coupée en deux ; et l’on perçoit un grondement sourd et inaudible. Dans de multiples détails au coin des rues. Il ne s’agit pas que de trottoirs défoncés par une végétation rudérale qui reprend ses droits ou de bâtiments qui s’effondrent au ralenti. Mais de petits tableaux humains qui subrepticement surgissent au coin de l’œil. Ce monsieur très classe bien sapé dans son costard du dimanche assis dans une voiture, la portière est ouverte, ces jambes sont posées à l’extérieur. Mais la voiture est une carcasse sans roues abandonnée dans un terrain vague lui aussi envahi par la végétation. Cela semble être chez lui. Et ce couple, sacs en plastique au bout des mains qui contemple derrière une immense grille fermée des voies ferrées rouillées, des wagons chavirés au milieu des buissons ; comme une image arrêtée de la splendeur perdue. Le plus étonnant est de voir des arbres traverser les voies. Attention un arbre peut en cacher un autre. C’est la forêt qui est en marche. Tiens c’est déjà le thème de notre troisième et prochain volet homérique ! L’Odyssée de la planète…

Le marché

Lui aussi en deux parties. C’est le boulevard Aristote qui partage. L’un déborde de vie, d’étals, de couleurs et d’épices à me rendre fou nostalgique de la Rue longue des Capucins à Marseille (tous les ports de la Méditerranée se ressemblent ; ils sont tournés vers l’ailleurs, l’autre côté, l’exotique, l’échange et le voyage). L’autre déborde de calme, de boutiques d’artistes-artisans et d’agréables terrasses ombragées.

C’est d’ailleurs l’heure pour moi d’aller prendre un café. Nous sommes à Trakia à Plovdiv et le site s’ouvre aujourd’hui. Pour l’inauguration à 15 heurs, monsieur le maire sera présent et il y a encore plein de choses à préparer !

À suivre

Ci-joint quelques photos. Vous y verrez notre installation à Plovdiv sous un soleil radieux. Ne vous y trompez pas, depuis lors, Zeus fait péter la foudre et Poséidon s’amuse à nous balancer des grêlons. Tous les jours. De grands enfants ces dieux grecs.

Thierry