Carnets de route Odyssée Karavana 2019
Odyssée Karavana - épisode 1
Odyssée Karavana - épisode 2
Odyssée Karavana - épisode 2bis
Odyssée Karavana - épisode 3
Odyssée Karavana - épisode 4
Plovdiv 29 mai 2019
Arrivée sur le site à 20h
Départ de bon matin de Fix-In-Art. Thessalonique.
Annoncé à 9h, le quart d’heure vaudois s’est décalé en demi-heure thessalonnienne.
Tout à fait correct pour coordonner notre convoi de 9 attelages. Il faut dire qu’on avait toute la place du parking déserté par les voitures de nos riches noctambules « armateurs » de chanteurs populaires privatisés à la gueule de mannequins lucratifs.
Une autre paire de manche à l’arrivée. Et pourtant nous ne sommes pas des manchots !
Faire rentrer les convois de cinq compagnies dans un petit parc boisé demande pas mal de patience et d’organisation. Et d’adresse quand il s’agit de jongler avec les arbres qui s’amusent à se pencher quand vous roulez sur une bosse, le tout dans un espace qui diminue au fur et à mesure qu’il se remplit. (Loi de je ne sais plus quel mathématicien grec adepte des prémices du camping).
Une couronne de lauriers au grand Commandeur Gilbert pour rendre grâce à son efficacité à organiser tout ça. Et à sa patience de marbre. Avec son compère Louis ils ont marqué le terrain la veille. Et bien heureusement les compagnies sont arrivées au fur et à mesure. Dont Ambulans Théâtre parti à pied depuis la région de Reims au mois de novembre avec femmes, enfants et chevaux. Deux poules fermant la marche. Ils sont partis à cinq et arrivés une trentaine avec français, italiens et grecs récoltés en route.
Je reviens à Louis notre infaillible chauffeur qui pour éviter trop de paperasses administratives aux frontières serbes (hors UE), a conduit notre camion en passant par l’Autriche, la Hongrie et la Roumanie. 500 km de plus tout en restant en Union européenne. Une grosse fatigue sur des routes roumaines piquées de nids de poule dignes du Paris Dakar. Nous étudions son retour par le Ferry…
Les Nouveaux Disparus qui sont sur le site de Stolipinovo en plein quartier Rom, sont partis de Bruxelles ; Ils ont fait le choix de passer par l’Allemagne, l’Autriche, la Slovénie, la Croatie et la Serbie. Ils sont enfin arrivés, avec 5 jours de retard ! Epuisés et le moral au raz du macadam.
Une boite de vitesse qui a lâché en Allemagne. Un accident de la route avec hospitalisation du chauffeur et rapatriement en Belgique. Puis 3 personnes refoulées à la frontière Serbe pour papiers non conformes. Une partie de l’équipe passe après cinq heures d’attente. Le premier camion passe avec le chapiteau mais sans les piquets d’amarrage. Nous ne pouvons pas monter le chapiteau pour les aider. Les autres camions sont bloqués. Il leur est demandé plusieurs milliers d’euros pour passer. Jamal le directeur de la compagnie doit filer à Sofia pour remplir moults papiers. Les Ambassades interviennent, le directeur de la Fondation Plovdiv 2019, le Ministre des transports doit signer un papier avant vendredi midi avant que tout ne ferme jusqu’à lundi et évidemment il est 11h50…
L’équipe d’acteurs attend une longue journée dans un restaurant somnolant entre tables et bagages ne sachant où dormir le soir.
Nous avons appris qu’ils sont enfin arrivés tard dans la nuit…
Odyssée Karavana porte bien son nom et les mésaventures des navigateurs de la route sont légions.
De notre côté nous pourrions aller brûler des cierges pour remercier d’avoir évité certaines tempêtes… Ou aller suspendre une petite caravane verte en guise d’ex-voto à Notre-Dame de Lausanne (à Paris il n’y a plus de toit pour accrocher quoi que ce soit) mais je ne suis pas sûr que les Réformés soient d’accord. Ô bonne mère, c’est compliqué, merci la vie dans tous les cas !
Allez, revenons à l’ouverture du site en ce premier juin 2019 !
Grosses déferlantes d’enfants suivis de parents. Il faut dire que c’était la journée nationale de l’enfance, la remise des prix dans toutes les écoles. The English School nous avait d’ailleurs sollicité pour faire sa cérémonie sous notre chapiteau. 150 enfants accompagnés de leurs parents ont chanté, présenté une pièce de théâtre et reçu leurs diplômes.
À 15 h tapantes, une partie des acteurs (ce qui ne savent pas jouer de la musique !) attendent devant le fronton d’entrée. Un rideau ferme l’entrée. Le public attend. Nous toquons. Rien ne se passe. Une deuxième fois. Toujours rien. On déclenche un charivari de 10 secondes. Toujours rien. Un deuxième tintamarre. Et au loin apparaît un cheval conduit par un Stéphane à queue de pie et redingote. Sur son magnifique et gigantesque cheval Urio. Une petite fille en croupe se tient à même la crinière. Un cortège hétéroclite de musiciens suit. Une musique entrainante aux airs balkaniques. Le rideau s’ouvre, Urio et sa jeune monture sort et frappe du sabot, les musiciens se déploient en cercle (ils sont plus de trente)
Puis le public est invité à franchir la porte. S’ensuit le discours d’Andréas des Arts Nomades in english traduit en bulgare, des échassiers passent dont Laurent des arTpenteurs. Et enfin le chant Plovdiv Karavana, composé par Corinne, est joué et entonné par toutes les compagnies. Nous sommes au bas mot une soixantaine d’artistes.
Et la fête commence !
Monsieur le maire observe en retrait, sa fantastique secrétaire qui fait tout est ravie. Elle porte un tee-shirt blanc avec l’inscription « bonjour chérie » en français.
D’ailleurs nous nous apercevons que pas mal d’enfants curieux (et souvent sans parent) ne savent pas lire.
Un monsieur passé la veille s’appelle Georges. Il a mon âge et a été au Lycée français Romain Rolland à Plovdiv dans les années septantes. Il n’a fait que deux ans de Lycée mais avec 4 h de français par jour, il parle très bien et est ravi et très étonné de pouvoir pratiquer le français chez lui dans son quartier à Trakia ! Du jamais vu (ou entendu !). Il reviendra le lendemain me trouver et m’offre une bouteille de rouge, une de blanc (aux couleurs de rosé) et de l’eau de vie de sa production. Il a des vignes dans son village natal à 25 m de là. Les bouteilles sont en PET et nous ferons pêter les capsules et trinquerons à sa santé tard dans la nuit.
Si à Thessalonique nous étions au royaume des chats, ici les chiens sont rois. Ils ont un parc grillagé où ils promènent leurs maitres. C’est juste derrière notre village de toiles. Blague à part, les chiens doivent être tenus en laisse dans le parc car c’est un site dédié aux enfants avec quelques balançoires et tourniquets. Le site est très propre et nous sommes loin de la caisse à chats saloniques. Les chiens peuvent être alors lâchés dans le parc grillagé et sauter sur des rampes et des pneus. Les humains accompagnants ont aménagé une grande table ombragée et très conviviale. De temps en temps des aboiements se déchainent suivis très vite par les cris des humains. Le tout se mélange dans une empoignade généralisée de poils et de crocs. Puis tout se calme et on trinque à nouveau. Quelle ne fut pas notre surprise de voir un bulgare musclé approcher de notre table de pique-nique helvétique ; Il nous tend une bière fraiche de 3 litres et nous l’offre au nom de la Dog’s company !!! Et nous de lever le verre à leur santé et d’entonner l’hymne Plovdiv-Karavana. Les chiens rythmaient le chant de leurs aboiements et les humains frappaient des mains. À travers la grille une fraternité simple et conviviale se créait. Nous étions très touchés de voir que les habitants faisaient le premier pas. L’hospitalité traverse les grillages, les langues et les frontières.
Santé!
Thierry












Odyssée Karavana - épisode 5
Odyssée Karavana - épisode 6
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