Carnets de route Odyssée Karavana 2019
Odyssée Karavana - épisode 1
Odyssée Karavana - épisode 2
Odyssée Karavana - épisode 2bis
Odyssée Karavana - épisode 3
Odyssée Karavana - épisode 4
Odyssée Karavana - épisode 5
Odyssée Karavana - épisode 6
J’ai perdu la notion du temps et ne sais plus quel jour nous sommes.
Et pourtant pas un seul jour ne ressemble à un autre.
La pelote de la vie se dévide à toute vitesse, les fils se mélangent, font des nœuds et se brisent parfois. Notre Pénélope est emportée par les Parques. Verena a dû de toute urgence prendre l’avion pour rejoindre sa maman hospitalisée à Francfort. Ses parents lui avaient fait l’immense surprise de débarquer à Plovdiv pour l’Ascension. C’est lors du retour que Sonia a eu un malaise. Nous n’en savons pas plus…
Nous reconstruisons le spectacle en nous partageant le parcours de Verena, quand c’est possible. Pour la troisième partie c’est Ilyana qui au pied levé endosse le costume de Pénélope. L’ambiance est étrange et tangue entre une profonde tristesse et l’adrénaline provoquée par la tradition du « Show must go on ». Chez les italiens, c’est Francesca qui s’est retrouvée hospitalisée à cause d’une allergie déclenchée par un repas. Ils ont dû annuler 1 représentation.
Nous allons finir par croire que les dieux grecs existent vraiment et qu’ils se jouent de nous comme de vulgaires pantins à fil.
Donc notre Première bulgare s’est passée devant un nombreux public conquis par le voyage d’Ulysse. Le papa d’Ilyana a été marionnettiste toute sa vie, notamment durant l’ère communiste dans le plus grand théâtre de marionnette de Bulgarie qui se trouve… à Plovdiv ! Puis le mur est tombé et le papa jeté à la rue. Il a récupéré quelques marionnettes et s’est dit que tant qu’être à la rue il fallait occuper le terrain ; depuis toute la famille présente ses spectacles dans la rue principale du centre historique pour vivre et gagner en définitive plus qu’un salaire normal. Toute la famille d’Ilyana était évidemment là hier soir, le papa bien-sûr, le frère marionnettiste aussi, la maman, le mari et les enfants. Le père très sensible au théâtre d’objet n’hésitait pas à applaudir à l’apparition des marionnettes représentant les sirènes ou le chien articulé Argos, et le public de suivre par des salves de clap-clap slaves.
Une authentique fête du théâtre partagée, je le répète encore et encore, mais ce public est tellement heureux d’être là, et tellement pas blasé. Certaines personnes nous disent que cet évènement marquera à jamais les habitants et ouvre la voie à la culture dans une région où c’est un grand désert…
La voirie
Au service de la voirie municipale de Plovdiv Trakia j’ai bien cru que la journée de travail commençait par la pause. En effet à 7h du matin je suis réveillé par une conversation entre 2 bancs sur le chemin qui longe notre caravane et traverse le parc. Deux gaillards en salopette verte en bas et orange sur les épaules taillaient une bavette ponctuée de temps à autre par quelques acquiescements du banc d’en face ; une femme qui n’avait pour bleu de travail qu’un gilet orange sur ses habits personnels prolongé par une longue jupe noire aux motifs blancs. Ils prenaient chacun une collation. Toutefois vers 7h29 la situation a nettement évolué puisqu’un défilé de faucheuses pétaradantes est passé entre les deux bancs (et devant la caravane) achevant de me réveiller une fois pour toute. De fait, les faucheuses à 2 roues et à guidon tiraient les rares privilégiés en direction du local de la voirie. Il fallait tout de même fournir un effort calculé en balançant légèrement vers l’arrière l’appareil pour que le large « peigne » coupant et métallique ne traine pas sur le sol. Pas de femme au volant… Parmi toutes ses têtes grisonnantes (appelons-les les anciens) un jeune promu faisait fièrement partie du cortège, bien qu’arborant seulement un gilet orange . Une ou deux tondeuses à fil sont également passé sur l’épaule des salopettes vertes. Heureusement moteur éteint ! J’ai aperçu 2 souffleuses de feuilles et détritus mais dans l’autre sens. Je crois que le départ de la journée de travail a été finalement donné vers 7h35. Donc on pousse les feuilles sur le côté libérant le chemin. Il y avait tout de même une femme qui complétait l’équipe des souffleurs avec un magnifique ballet en plastique vert printemps comme nos caravanes. La femme à la jupe noire était gantée de la main droite pour retirer les déchets des petites poubelles qui s’alignaient le long du chemin. Ces poubelles étaient pourtant prévues pour pivoter et basculer directement dans le sac poubelle de la main gauche… Toujours est-il que ce parc est très propre et j’ajouterai ô comble de la stupeur bien plus propre qu’en Suisse (Romande…) !!! Pas une crotte de chien (Elles doivent être probablement contenues dans le parc à chiens). Peut-être moins de déchets à jeter également bien que les sacs plastiques règnent en maitres absolus dans les magasins. Mais payants tout de même.
Bref c’est chouette !
La nuit est le royaume des chouettes. Petites et nombreuses et monocordes. Toutes les 3 secondes (j’ai compté et la nuit est longue) elles émettent un sifflement bref et aigu qui descend parfois à la fin comme un ballon de baudruche que l’on fait chanter entre les doigts. Le problème c’est qu’elles se répondent continuellement, perchées dans les arbres au-dessus de nos caravanes, et qu’elles sont nombreuses. Et chacun est persuadé qu’elles se mettent juste au-dessus de sa propre caravane… Athéna démultipliée en chouettes pour nous faire un petit coucou en Bulgarie ?
Elle veille probablement sur nous la déesse de la guerre et de la sagesse et nous nous sentons totalement en sécurité. Ce n’est pas Boris notre garde aux allures de catcheur chauve qui va s’en plaindre. Il fait sa ronde toutes les 40 mn la nuit en nous gratifiant d’un magnifique sourire et d’un salut haut la main. (Il ne parle pas l’anglais et nous ne parlons pas le bulgare ni le russe). Ici c’est donc très familial et tranquille. Même les pigeons ne sont pas stressés. On pourrait leur marcher dessus si on n’y prenait garde !
à bientôt et merci pour vos nombreux messages de retour. D'ailleurs, ici c'est le retour qui se prépare.
Thierry
et désolé, pas de photos cette fois, par manque de temps
Odyssée Karavana - épisode 7